Le chiffre d’affaires des applications de VTC s’effondre et Deliveroo se tourne vers Amazon.
Les deux sociétés n’ont jamais été bénéficiaires jusqu’ici. Jeudi 16 avril, Uber a annoncé qu’elle ne pouvait effectuer de prévisions de revenus en raison de la pandémie. En février, l’entreprise avait projeté entre 15 et 16 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Lyft n’a pas encore fait de déclarations publiques.
Des données récoltées par les analystes de Second Measure montrent un effondrement de l’activité d’Uber. En se basant sur les transactions effectuées par des millions d’Américain·es, l’entreprise a conclu à une baisse de 83%.
«Je pense que dans chaque grande agglomération, et vraiment dans tout le pays, ça va reculer de 70 à 80%», selon Tom White de la société financière D.A. Davidson. Uber et Lyft incitent elles-mêmes leur clientèle à limiter ses déplacements, via des publicités et des messages dans leurs applications. En bourse, Uber a perdu 17% et Lyft 21%.
VTC en détresse
Pour le moment, les deux entreprises attendent que l’orage passe, sans se presser. D’après les analystes financièr·es, elles devraient d’abord réduire leurs dépenses de publicités ainsi que les avantages offerts aux chauffeur·es. Au deuxième trimestre 2020, le chiffre d’affaires d’Uber devrait reculer de 45% et celui de Lyft de 61%, selon JMP Securities.
Si le confinement se poursuit durant l’été, elles pourraient commencer à licencier une partie de leurs milliers d’employé·es de bureau. Comme leurs VTC ne sont pas salarié·es mais indépendant·es, les plateformes n’ont en revanche aucune indemnisation à leur verser dans ce contexte de baisse d’activité.
Selon Gridwise, les revenus horaires moyens des chauffeur·es ont baissé de 36% début mars. À la fin du mois, la situation s’était légèrement améliorée mais l’on constatait toujours une diminution de 24%.
Certain·es ont choisi d’arrêter de travailler pour se mettre à l’abri. D’autres se sont mis à la livraison de nourriture. D’autres encore continuent leur activité en instaurant des règles de sécurité, comme le port du masque pour les passagèr·es, qui est par ailleurs recommandé par Uber.
D’autres chauffeur·es vont tenter de faire requalifier leur statut d’indépendant en contrat de travail devant les tribunaux. Enfin, certain·es essaient d’obtenir des indemnités de chômage prévues dans le plan de relance de Donald Trump.
Les livraisons comme planche de salut?
Face à cette situation catastrophique, les plateformes misent sur la livraison de repas et de courses. En mars, le chiffre d’affaires d’Uber Eats a augmenté de 27%, dépassant pour la première fois celui de l’activité VTC de la société. Le service est habituellement déficitaire.
Lyft, qui ne proposait pas ce type de service, en a mis un en place fin mars dans plusieurs villes, ciblant les personnes âgées et les étudiant·es. Il est actuellement disponible dans onze agglomérations américaines.
«La livraison [de nourriture] est l’élément le plus encourageant, explique Ron Josey, analyste chez JMP Securities. Des moments comme ceux-ci inaugurent un changement fondamental dans la façon dont nous, en tant que consommateurs, agissons. Nous ne prenons peut-être pas de VTC pendant cette période, mais nous faisons plus de choses à la maison.»
Ce n’est toutefois pas forcément suffisant pour les chauffeur·es. Francisco Arroz, 61 ans, gagnait entre 20 et 30 dollars de l’heure [entre 18 et 28 euros] à San Francisco. Désormais, et bien qu’il ait étendu son activité aux livraisons, il est descendu entre 5 et 10 dollars de l’heure [entre 4,50 et 9 euros].
À l’inverse de son concurrent, Deliveroo, autre acteur majeur de la livraison de nourriture, se retrouve en très mauvaise posture au Royaume-Uni, selon le Guardian. Pour cette raison, l’autorité de la concurrence britannique a décidé d’autoriser un investissement d’Amazon dans la société qu’elle avait précédemment refusé pour éviter une concentration excessive du marché.